750 grammes
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La manjadora de Vilanòva
14 août 2016

Les Allées, la-bas au bout...

Samedi, à l’heure vespérale, nous devisions à la terrasse du Tortoni, et bientôt les cris de nos estomacs, agacés par les fragrances de havis émanant des cuisines, couvraient le duo de musiciens qui s’escrimaient sur scène : il nous fallut partir !
Car nous voulions être chose que la cuisine un brin maniérée du Tortoni. Il nous fallait de l’authentique, du rustique, quelque chose’ qui reposât nos papilles en un terrain connu, sans fioritures. Et il était déjà neuf heures et demie : où aller qu’on ne nous refoule pas comme chien dans un jeu de quilles, le restaurateur villeneuvois étant généralement couche-tôt et de caractère rogue ?

A une encablure des flonflons et de l’agitation du boulevard, il est un établissement non-pas méconnu, mais un peu oublié : Les Allées. On n’y pense pas : c’est trop loin. C’est là-bas, à l’autre bout de l’immense parking, comme l’amer d’un autre monde. Il faut vouloir y aller : on ne s’y affale pas par hasard.
Et donc nous décidâmes, en toute conscience, d’entamer ce périlleux voyage vers l’au-delà.
Bien nous en prit puisque, malgré l’heure tardive, l’acorte hôtesse des lieux nous accueillit gentiment et nous dressa bientôt une table, qui fut surmontée rapidement de deux côtes de veau à la cuisson parfaite, nappées d’un déglaçage crémé des plus traditionnels.
Un dessert, et la messe était dite : nous communiâmes autour de coupes de glace, bienvenues en cette chaude soirée.

Nous étions heureux. Et n’est-ce pas là une des missions sacrées du restaurateur que de distiller du bonheur ? Car enfin, nous avions trouvé dans nos assiettes du goût et du repos, l’onction païenne que réclamaient nos corps fatigués par les dérives néo-cuisinistes de trop de brasseries converties à la world-food mal digérée et donc indigeste…
Nous étions en territoire connu, solide, rassurant : notre viande s’appelait viande, la sauce, sauce. C’était salé à la perfection, sans hésitation, gras ce qu’il faut, et le même soin avait été apporté à la caléfaction des légumes.
Le patron et queux, qui vint nous saluer, ressemblaient à sa cuisine : un type avec du poil au cœur.

Avec cette impression d’être loin, si loin, de l’agitation des boulevards, et tandis que la terrasse résonnait d’autres rires, d’autres rumeurs, nous étions là, béats et détendus, tandis que les éphémères tentaient d’oublier la nuit autour des lampes…

J’avais pourtant connu une expérience pénible aux Allées : une paella de cantine, insipide et trop cuite, servie un jour de liesse. Mais c’était une erreur : il faut parfois savoir passer au-delà d’une mauvaise impression, et revenir sur les lieux du crime. Quelquefois, ça paye, et ce fut le cas !

Si vous souhaitez une cuisine non-pas classique, mais authentique ; rassurante ; une cuisine qui vous réconcilie avec vous-même, alors, poussez jusqu’aux Allées : une table familière et qui réveille la nostalgie des brasseries où l’on savait cuisiner, et manger…

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